le vent très froid du matin pique la peau du visage
j'ai les joues rouges et les yeux idem
sous les roues du vélo, la chaussée brillante et la fine pellicule de nuit qui subsiste
je glisse
on oublie vite les choses qu'on a aimé très fort
les matins d'hiver traversés en frottement des deux pneus. c'est un moment à tout entendre et voir énormément
j'ai
des émotions qui bondissent
une mèche de cheveux blonds d'hiver qui s'égare
ridicule
le poids des jambes à pousser sur les pédales
tout ça est plutôt loin des joints qu'on fume
des bières au réfrigérateur
pour oublier la direction tordue de l'espèce humaine
ou par facilité
c'est la route du travail toujours pareille à celle de la veille. long ruban de silence
du bruit
des bruits agités blablabla devant, derrière
des voix et des machines tchic tchac
les voix du brouhaha accélèrent le présent, compriment les heures du jour
de l'intérieur, on ne distingue qu'une soupe myriade de choses en interactions
aléatoires
de l'extérieur je ne sais pas. j'imagine un bulbe noir affolant
j'attends
le retour à la pluie tardive et au soleil couchant
des reflets orangés à la surface de l'eau
et le clapot des vagues dans le creux des tympans